Rocher de la Perdrix

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A partir du Gondran, suivre la crête de la Replatte vers l'ouest, jusqu'à arriver en face d'une butte rocheuse et herbue où pointe une ancienne coupole de fortin, c'est le Rocher de la Perdrix.

Le Rocher de la Perdrix, à proximité du Chenaillet, est formé de sédiments océaniques plissés.

Roches océaniques sédimentaires

Le rocher de la Perdrix permet d'observer des roches sédimentaires océaniques plissées, décollées de leur substratum de serpentinite, dont on retrouve ici ou là quelques fragments difficiles à trouver dans l'herbe. Cet affleurement appartient à la nappe océanique inférieure Lago-Nero Replatte.
La nappe comprend :

  • des ophicalcites 2, brèches à ciment calcaire rouge contenant des débris de serpentinite, marquant la transition entre ophiolites et roches sédimentaires,
  • des radiolarites, roches siliceuses rouges du Jurassique,
  • des calcaires à calpionelles gris très clair, presque blancs (Jurassique Supérieur),
  • des calcaires roux à croûtes siliceuses vertes alternant avec des schistes argileux noirs (Crétacé inférieur),
  • des calcaires quartzeux et micacés en plaquettes (Crétacé moyen)
  • des schistes noirs.

 
Le rocher de la Perdrix permet d'observer les radiolarites et calcaires jurassiques, ainsi que les ophicalcites de la nappe.

Les radiolarites, d'âge Jurassique sont des sédiments siliceux formés par l'accumulation de squelettes d'animaux marins unicellulaires : les radiolaires. Les boues siliceuses à radiolaires sont les seules qui se déposent à grande profondeur car à partir de -4000 m, les squelettes carbonatés sont dissous au cours de leur chute vers le fond (sous l'effet d'une pression importante et d'une température faible). La datation biostratigraphique des radiolarites donne un âge d'environ 160-150 millions d'années (Jurassique supérieur). Cette datation est importante car elle permet connaître l'âge de l'ouverture de l'océan Alpin.

Rocher de la Perdrixradiolarites rouges surmontées des calcaires à calpionelles

Calcaires à Calpionelles : ces premiers sédiments océaniques sont surmontés par les calcaires blancs, anciennes vases à plancton calcaire (déplacement vers le bas de la limite de dissolution du calcaire, en raison d'une subite abondance du plancton, dont la dissolution demandait plus de temps). Ils sont formés de l'accumulation de microorganismes marins : les calpionelles.


Les sédiments suivants sont des alternances d'argiles noires schisteuses et de bancs de calcaires noirs à roux ; ces derniers montrent en relief une sorte de résille siliceuse millimétrique, passant, aux deux faces de chaque banc calcaire, à une croûte siliceuse verdâtre ou brunâtre. Ces calcaires, d'âge Crétacé inférieur, affleurent surtout dans le rebord sud de la crête herbue dite de "la Replatte du Gondran", entre le Rocher de la Perdrix  2 407, où se trouvent les radiolarites, et l'ancienne cabane des douaniers.


Plis et schistosité

Schéma du Rocher de la Perdrix

Toutes ces roches sédimentaires ont été plissées et affectées de schistosité, et cela à plusieurs reprises.

Le Rocher de la Perdrix montre deux fois les calcaires gris clair, en bancs parallèles, encadrant une couche redoublée de radiolarite rouge : un "sandwich" constitué des deux flancs d'un grand pli. Ce type de pli est dit isoclinal car les strates des deux flancs, normal et inverse, sont parallèles entre elles. A gauche de la butte, les couches sont empilées de bas en haut dans l'ordre de leur dépôt : c'est le flanc normal du pli. A droite, les couches sont disposées dans l'ordre inverse : c'est le flanc inverse du pli.
Les différentes roches de la succession (ophicalcites, radiolarites, calcaires) peuvent se voir sur un chemin horizontal qui, vers la droite, aboutit à une ancienne embrasure de tir.
En fait, le pli est double, car affleurent deux passées d'ophicalcites qui marquent chacune le cœur d'un pli.

Dans le détail, les radiolarites sont affectées de petits plis qui ne résultent probablement pas de la même phase de compression. Deux schistosités successives et qui se recoupent sont visibles avant l'embrasure de tir dans les interlits schisteux verdâtres qui séparent les bancs calcaires. Les roches ont donc subi au moins deux phases successives de compression.

Pli au Sud de la crête de la Replatte
Dans le cœur du pli, la schistosité des schistes noirs est parallèle au plan de symétrie du pli. A l'extérieur du pli, les filons blancs radiaux sont des fentes d'extension qui ont été remplies de calcite cristallisée par de l'eau qui y a circulé ensuite.

Sur le rebord sud de la crête de la Replatte, on peut voir des bancs calcaires roux à croûtes siliceuses vertes, alternant avec des schistes argileux noirs. Un très beau pli est visible dans ces couches.

En descendant de l'autre côté de la butte, on retrouverait les mêmes couches du Crétacé inférieur, cette fois appartenant au flanc inverse du pli. Au-delà se trouvent les couches d'âge Crétacé moyen : calcaires quartzeux et micacés en plaquettes puis schistes noirs. Ces derniers sont largement développés sous le fort du sommet des Anges.

Le Rocher de la Perdrix expose les roches océaniques sédimentaires affectées de plissements (pli double isoclinal) et schistosité par la tectonique alpine. L'âge des premiers sédiments déposés sur le plancher océanique, les radiolarites, permet de dater l'ouverture de l'océan alpin à environ 160-150 Ma.