Verrou de Château-Queyras

Château-Queyras : le fort sur un verrou

Le fort (XIIIe siècle ou même plus ancien, modifié ultérieurement, notamment par Vauban) contrôle le passage dans la vallée. Il est en effet construit sur un verrou glaciaire. 

Le verrou glaciaire est constitué de dolomies triasiques. Résistantes à l'érosion, celles-ci émergent en anticlinal au cœur des Schistes lustrés plus tendres. En amont, une plaine d'alluvions (camping) correspond au comblement d'un lac situé autrefois à l'amont du verrou (voir Col Vieux).

 

Derrière le fort de Château Queyras, il est possible d'observer facilement à la fois les schistes lustrés très plissés du Queyras (anciens sédiments océaniques) à l'affleurement, et des métagabbros dans le lit du Guil, sous forme d'échantillons descendus des sommets en amont, tous deux métamorphisés dans le faciès "Schiste bleus". Sur les métagabbros, on peut observer des pyroxènes reliques auréolés de glaucophane, traversés parfois par des minéraux verts (chlorite, actinote, épidote).
L'étude minéralogique de ces gabbros (macroscopiques et en lames minces) permet de mettre en évidence la présence de glaucophane, de jadéite et l'absence de grenat. Ceci nous indique que ces gabbros sont passés dans des conditions de haute pression (environ 40 km de profondeur) et basse température (inférieure à 400 °C). Ce sont des conditions de contexte de subduction où ils ont acquis leur faciès "schistes bleus" avant d'être exhumés et de repasser par le faciès "schistes verts" (les minéraux verts recoupent la glaucophane et les pyroxènes). De plus, l''analyse chimique de ces métagabbros montre une déshydratation par rapport à ceux du Chenaillet, uniquement obduits.
La même étude a été faite sur les schistes lustrés et a montré qu'ils ont suivi le même trajet, bien que les observations minéralogiques à l'œil nu soient malaisées.
L'apparence en feuillets et très plissée des schistes lustrés par rapport aux métagabbros montre la différence de comportement de deux roches initialement différentes soumises à des mêmes conditions de métamorphisme.
L'analyse de ce métamorphisme permet d'argumenter concrètement l'épisode de fermeture de l'océan Alpin en mettant en évidence l'existence d'une zone de subduction datée d'il y a environ 50 Ma.