Galibier

Le Grand Galibier culmine à 3229 m d'altitude au-dessus du col du Galibier. Il fait partie du chaînon du Galibier du massif des Cerces, partie la plus septentrionale du Briançonnais sensu stricto.
Son observation depuis le col du Lautaret permet de détailler le Chevauchement Pennique Frontal, où la zone externe ultradauphinoise est sous-charriée sous les zones internes.

Galibier

En rouge : chevauchement pennique frontal

Le chevauchement pennique frontal représente le sous-charriage des zones externes (Dauphinois) sous les zones internes du Briançonnais et Piémontais.

Le panorama géologique du col du Lautaret sur le Galibier s'observe de la butte dominant les hôtels.
D'ouest en est (de la gauche vers la droite) :

Zone externe : la zone ultradauphinoise est facilement repérable par sa teinte sombre et son litage régulier. Elle est composée du Flysch nummulitique des Aiguilles d'Arves, d'âge Éocène (série du Tertiaire), au niveau de Côte-Plaine, au Pic Blanc et dans le vallon de Roche Noire.
Ce flysch transgresse les terrains Lias et Dogger (Jurassique inférieur et moyen) à faciès dauphinois. À la limite Crétacé-Tertiaire, l'ensemble du domaine dauphinois était émergé et en proie à l'érosion, ce qui explique l'absence de Malm (Jurassique supérieur) et Crétacé.

Schéma du panorama du Galibier depuis le Lautaret

Les zones internes :

- la zone subbriançonnaise : la presque totalité de cette zone est constituée de calcschistes tendres gris ou noirs qui correspondent à une série Oxfordien (série du Malm) - Éocène (souvent masquée par les prairies, éboulis ou moraines) auxquels on doit la large dépression du Col du Galibier, et qui se poursuivent dans la haute vallée de la Guisane jusqu'au Monêtier-les-Bains. Les seules roches dures sont des calcaires du Jurassique moyen, qui dessinent une longue arête rocheuse entre la route du Galibier et celle de Briançon qui la recoupe. Cette zone est certainement faite de plusieurs écailles ou replis superposés, dont le contact est parfois marqué par des gypses et cargneules triasiques (ravins sous le Roc Termier et Roche Colombe). Les terrains subbriançonnais appartiennent à la nappe charriée vers l'ouest sur les terrains dauphinois, et à son tour recouverte par l'est par le charriage de la zone briançonnaise.

- la zone briançonnaise (massif du Grand Galibier) : elle chevauche la zone subbriançonnaise et sa morphologie est très différente. Alors que les calcschistes de la zone subbriançonnaise offraient des pentes douces, le rocher du Grand Galibier, fait de calcaires dolomitiques du Trias moyen, se découpe en falaises imposantes quoique ruiniformes.
De bas en haut, la zone briançonnaise présente :

  • des schistes et grès du Houiller affleurant par places, notamment sous le Signal de la Ponsonnière et surtout au col du Chardonnet. Les minces affleurements du Grand Galibier sont considérés comme des lambeaux décollés de cette masse houillère et entraînés vers l'ouest par le charriage de la couverture mésozoïque briançonnaise désolidarisée de son ancien substratum.
  • dans les éboulis, au bas des falaises, pointent des affleurements discontinus de quartzites de base de la série triasique, à patine sombre.
  • des falaises calcaires et dolomitiques du Trias moyen
  • au-dessus des calcaires triasiques, la série mésozoïque est très réduite : le Crétacé supérieur repose directement sur le Trias, sous la forme de calcschistes gris, rouges à la base. Ils sont surtout développés au Roc Termier et à Roche Colombe, mais ils forment aussi d'étroites pincées synclinales dans la masse des calcaires triasiques, à la Roche du Grand Galibier et de l'Aiguillette du Lauzet, à l'extrême droite.

Schéma du panorama du Grand Galibier depuis le col du lautaret

La zone Briançonnaise, dans sa partie actuellement visible, ne présente ni Jurassique ni Crétacé inférieur. Il y a du Malm sur le versant est du Grand Galibier (invisible depuis le col du Lautaret), mais il reste mince. Cela est dû au caractère géanticlinal de la zone briançonnaise qui a fonctionné après le Trias comme un seuil émergé ou un haut fond pélagique balayé par les courants, ce qui l'oppose à la zone subbriançonnaise où la sédimentation continue évoque un talus flaquant à l'ouest le géanticlinal briançonnais.


- La pointe de la Mandette est constituée de Flysch à Helminthoïdes de l'Embrunais, d'origine Piémontaise. Cette unité est plus interne que les précédentes. Il s'agit d'une klippe, unique témoin entre le Flysch de l'Embrunais et des flyschs analogues des Préalpes du Chablais.

Au point de vue tectonique, on trouve ici la trace de deux phases successives : après sa mise en place sur la zone subbriançonnaise, la nappe briançonnaise a été démantelée par l'érosion et certains lambeaux isolés ont été repris avec leur substratum par une tectonique tardive et se trouvent pincés en écailles. Ainsi, des lames de calcaires et quartzites triasiques et du Houiller briançonnais se trouvent sur l'arête allant du col au rocher du Grand Galibier, et près de la Roche du Petit Galibier.
Il y a donc eu mise en place des nappes puis replissement de cet empilement, suivies par le soulèvement des massifs cristallins externes qui a provoqué le basculement vers l'est des unités internes déjà superposées.